Je n'avais pas vu le temps passer depuis que j'étais arrivé à la Nouvelle Orleans. Cela faisait déjà deux ou trois mois et le temps défilait devant mes yeux sans cesse. J'avais l'impression d'être entrée dans un tourbillon d'où je ne sortirais jamais. Tout tournait et tournoyait autour de moi sans que je ne puisse l'arrêter. Ma tête me tournait, ma gorge me brûlait, j'avais soif, pas la soif habituelle de tout humain qui se calmait avec un verre de whisky pur malte, non, le genre de soif à tuer quelqu'un. Mes pieds m'avaient menés vers le quartier français de la ville, mon petit préféré. Il y avait du monde le jour mais il n'y avait plus personne la nuit et j'y entrait pile au couché de soleil, faisant miroiter des couleurs jaunes et orangées sur les nuages. Quelques humains trainaient par-ci, par-là et je pu même sentir un vampire au loin. Mes pupilles étaient complètement dilatés, mes cheveux étaient désordonnés et j'abordais une robe en coton noire. Je tournais d'un sens puis dans l'autre, attendant d'être seule pour étancher ma soif interminable qui retréciçait ma pupille avant qu'elle ne grossisse à nouveau. J'avais l'impression que ma tête n'allait pas tarder à exploser et dès que je vis un banc, je m'allongeais dessus en tenant celle-ci entre mes deux jambes.

Lorsque je relevais ma tignasse noire, il faisait complètement nuit et un homme légèrement bourré m'accosta.

« Ça va ma ptite dmoiselle ? Tu devrais pas être là toute seule à cette heure mais si tu veux on peut s'arranger. »

Il mena sa main libre vers son ceinturon tandis que l'autre tenait une bouteille de bière à moitié vide. Fais pas ci, fais pas ça ! Il me donne des ordres ? Il croit que je vais le suivre dans une ruelle sombre ? Je n'avais qu'une chose à répondre à cet affront.

« Tu rêves mon vieux, c'est moi qui vais te faire danser toute la nuit. »

Il laissa échapper un rire tonitruant ainsi qu'un "ips" mélancolique. Passant une main dans mes cheveux, je me levais, la soif, la soif, la soif... J'avais encore plus soif que d'habitude et cette fois-ci, je n'arriverais pas à me retenir. Un loup garou ne boit pas de sang dites-vous ? Eh bien, moi j'y ai pris goût il y a plus de 200 ans et c'est la boisson la plus désaltérante que je n'ai jamais bût. M'arrêter ? Avec plaisir mais comment, c'est si bon... Sans lui laisser le tant d'ouvrir la bouche pour me répondre, sa ceinture à moitié défaite, il laissait tomber sa bouteille à terre laissant échapper un bruit de verre qui s'échappa dans toute la rue. Je lui avait sauté à la gorge, pile sur la jugulaire. Les vampires avaient bien raison de s'en prendre à cet endroit, pile celui où tout le sang passait pour étancher une soif interminable. En deux minutes, il était vide de sang et son corps inerte retombait par terre à côté de sa fidèle bouteille d'alcool. J'essuyais mes lèvres ensanglantées et repartis en claquant mes talons contre les pierres jonchant le sol. Ma démarche était redevenue souple, mon mal de tête avait stoppé mais je ne me faisais aucune illusion, il recommencerait bientôt, très bientôt. Je levais les yeux vers la lune quand quelqu'un me heurta, tombant par terre sans que je ne bouge d'un poil. Je lui lançais un regard terrifiant qui aurait fait fuir plus d'un mais cette personne ne bougea pas, mon ombre cachant son visage, je n'arrivais pas à l'identifier.